03 décembre 2007

En vrac.

Après plusieurs mois d'absence je vous livre quelques réflexions, observations et dégustations.
Commentaires sans valeurs absolues, même pour moi !


Yixing en terres "épuisées" vs théières modernes ?

Je ne pense pas que les théières "épuisées" soient meilleures intrinséquement ou plus aptes à transcender une infusion, surtout avec des thés de qualités ordinaires qui ne souffrent pas d'être poussés dans leurs retranchements (amertume, astringence, etc.).
En revanche certaines terres épuisées, les plus dures d'entres elles, permettent de tenir la température un très long laps de temps, et donc de tirer la substantifique moëlle des thés les plus aboutis.
Aucunes des taïwanaises de la Maison des 3 thés que j'ai pu tester ni la théière en "Zhuni moderne" de Teamasters ne parviennent à tenir la chaleur aussi longtemps que certaines de mes yixing en terre épuisées.
Donc pour pousser un vieux Pu-Erh sheng (par exemple) à exprimer sa minéralité rien ne vaut une terre épuisée DURE. Les Duan Ni et autres terres épuisées cuites à moins hautes températures ou en terres plus souples ne tiennent pas la route et sont d'un investissement trop coûteux par rapport à une taïwanaise de belle facture.
Les taïwanaises (M3T) et chinoises modernes que vend Teamasters sont parfaites et suffisantes dans la grande majorité des cas mais il faut s'en servir. Cela semble une évidence mais mettre au repos une théière pour quelques semaines c'est la condamner à déperir, se flétrir, devenir exsangue.

Le zhong ? formidable instrument comme Raphaël l'a souligné et qui peut servir à tous les thés, mais plus encore que la théière le zhong ne pardonne pas aux thés médiocres.

Deux modes d'utilisations :

"flash", façon shoot à la Michel (Le Pete Doherty du Pu-Erh), avec un grammage généreux, en versant l'eau bouillante très rapidement et en infusant quelques secondes.

"Broadband", façon Raphaël (dit "La tisannière") en dosant léger (2g), en versant l'eau plus lentement et en poussant l'infusion au delà de la minute.


Quel est le goût d'un Gao Shan Sha ?

C'est la question que je me suis posé et que je continue à me poser après avoir goûter plusieurs références de Teamaster (Shan Lin Shi, Li Shan, Da Yu Ling), de Camelia Sinensis (Lishan, Ali Shan de M. Li, Ali Shan de M.Chen, Dayu Lin de M. Chang)) et de la M3T (3,4,11,14).
J'ai découvert ou plutôt redécouvert ces thés en me régalant du Li Shan de printemps 2007 de Teamasters : un bonheur de fraîcheur, de présence et d'immédiateté. Un thé de
soif assurément. Equilibré et sans prétention il a fait mon bonheur plusieurs mois durant.
La source s'épuisant j'ai tenté de retrouver un goût similaire à la Maison des 3 thés. Déception. Une qualité indéniable mais l'oxydation plus poussée leur confère un goût plus proche d'un Dong Ding "classique" que ce qui me semblait être le goût Gao Shan Cha trouvé dans le Li Shan de TM (et ceux de camellia Sinensis).
Est-ce que l'approche de la M3T est conservatrice et ne souhaite pas verser dans le modernisme ? Peut-être.
En fait ces deux écoles supposées me rappelent dans le domaine du vin les extractions à froid, modernes, qui visent à mettre en avant la fraîcheur, le fruité, par opposition aux extractions longues, classiques, qui donnent des vins plus sur la réserve dans leurs primes jeunesses.

Où est la vérité ? Je ne sais pas et je ne pense pas que ce soit important.

Quoiqu'il en soit je préfère indéniablement les Gao Shan Cha dans leurs versions primesautières, celles proposées par TM, alors que les Dong Ding me plaisent d'avantage en version "classique", plus oxydés. Pour un tarif sensiblement équivalent le DD "classique" de TM et le DD n°3 de la M3T sont deux très bons produits. Le DD de M. Nen Yu du Camellia Sinensis est un cran en dessous mais loin d'être mauvais.

Pour les amateurs de Dong Ding vieillis, la M3T vient de remettre à la carte son n°8, un Dong Ding de 1991. Savoureux et comme toujours à la M3T une très grande maîtrise des torréfactions qui font passer les Wulongs vieillis de la concurence pour des articles promotionnels des "Charbonnage de France".