SERREZ LES MICHES !
Et oui, Raphaël en parlait récemment, le web permet d’un clic de souris de s’offrir des galettes rares et merveilleuses… Quel bonheur. Bien souvent les marchands se font un plaisir de joindre à votre commande des échantillons, j’ai testé Hou De Asian, Jing Tea Shop et à présent c’est à Grandtea.com de passer à la casserole. En l’occurrence c’est moi qu’ils ont plumé ! Pour faire court j’ai regretté qu’en plus des échantillons ne soit fourni un tube de vaseline pour mon postérieur encore tout endolori… La raison ? les 2 échantillons sont « buvables », les 2 galettes sont tout simplement fausses. Point à la ligne.
Fausses ? Et bien oui, j’avais déjà entendu parler de contrefaçons en matière de Pu Erh mais je n’en avais jamais tâté le Neifei. C’est désormais du passé, ami réjouis toi je ne suis plus puceau !
Commençons par le buvable. Le premier sample est celui d’une galette Dayi 7542 de 1996 http://www.grandtea.com/scripts/prodView.asp?idProduct=306 , le nez est marqué par les notes de champignons mais c’est un parfum qui, en l’état, ne me dérange pas. L’infusion est assez ronde en bouche mais également assez fade, la couleur comme le parfum laissent à penser qu’il s’agit d’une galette stockée « humide ». Le genre de choses dont je me contrefous quand le résultat est bon (exemple la galette 1998 n°31), mais là il n’y a aucun relief et c’est loin de ce qu’on peut attendre d’une 7542, comme par exemple la Menghai 1999 que vend TeaMasters et qui est pleine de caractère (ça part dans tous les sens : eucalyptus, alcool de fruits, notes pharmaceutiques, notes de résineux, miel de sapin, etc.), bref dans le cas présent c’est plat et sans intérêt…
Deuxième échantillons, ou plutôt le second puisque Grand Tea http://www.grandtea.com/scripts/prodView.asp?idProduct=313 ne propose que ces deux là à la vente (c’est dire la confiance qu’ils ont dans leurs autres Pu Erh) Il s’agit celui d’une galette Ching Yun de 2000. Le nez des feuilles sèches est intéressant mais je dois dire que je n’ai jamais senti ce parfum auparavant. Déconcertant mais j’aime ce qui est original. One point. La couleur de l’infusion est brillante, franche mais le problème c’est que le thé est fait pour être bu pas regardé, et en bouche c’est le néant, un néant rafraîchissant mais à ce stade d’absence de fond, je préfère sucer un Tic-tac c’est plus passionnant. Trois infusions auront raisons de ma patience pour ce succédané de thé.
Enfin j’attaque l’ouverture des 2 magnifiques « gift box » dont les orientaux ont le secret : boîtes richement décorées, garnies de tissu synthétique jaune or. La Classe...
Ma première galette est sensée être une Menghai 7542 de 2000. http://www.grandtea.com/scripts/prodView.asp?idproduct=299 Sortez la vaseline, c’est maintenant. L’aspect extérieur m’interpelle : « tiens c’est curieux, la taille me paraît plus petite que ce que j’ai en stock ? » Tu m’étonnes. Le diamètre est plus petit de 3 bons centimètres pas rapport à une galette Menghai (ou du moins CNNP) telle que je les connais ! Je ne suis pas un expert, mais en 7 ans d’achats j’en ai quand même vu défiler ! Je porte la galette au nez : « la Torah de Babel Oued !!, c’est une galette de trompettes de la mort ou quoi ?? ». Insupportable. Ce simili thé sent le champignon à plein nez et je comprends maintenant ce qu’on entend par « vieillissement accéléré en conditions humides ». J’ouvre l’emballage de cette mini galette et ce que je vois me rappelle un souvenir : la boîte de Lindt Or offerte par tata Jacqueline 2 mois après sa date de péremption. Une magnifique pellicule blanche recouvre l’ensemble de cette merveille. Un cas d’école. Il va sans dire que je ne compte même pas y goûter. L’odeur est infecte, l’aspect répugnant et me paraît même dangereux pour la santé.Une contrefaçon absolue !
Au suivant. Dans ma fièvre acheteuse je m’étais également entiché d’une galette Menghai 8582 de 2002. Où la folie va t’elle se nicher, je vous le demande… http://www.grandtea.com/scripts/prodView.asp?idproduct=303 Là encore une recette éprouvée et réputée pour son caractère masculin. Tu veux de la Testostérone ? Amélie Mauresmo est en poster dans ta chambre ? Cette galette est pour toi. Je passe sur l’emballage, il est classique ; la taille de la galette ? Normale. Waouh je me sens presque tiré d’affaire, et je commence à reboucher le tube de Mytosil que mes erythèmes fessiers avaient réclamé. Malheureux ! Je porte au nez la belle galette et là mes poils tombent. Le camphre a décapé mes orifices nasaux, attaqués par ce parfum qui, quand il est naturel, me comble de joie. Comment la nature peut produire un parfum aussi puissant ? Mystère. Pour ceux qui la connaissent la galette 1996 n°32 est camphrée mais là. Là ! Là c’est camphrée au-delà de ce que la nature peut produire… 3 inspirations auront eu raisons de moi et je commence à avoir mal au crâne… Le test en théière donnera une liqueur monolithique dont le seul langage est : CAMPHRE. C’est tout ce que cette galette sait dire. L’infusion finit de me râper ce qui me servait de langue naguère et me rappelle de belles dégustations de Lapsang Souchong de basses extractions. Pourquoi ? Tout simplement parce que les Souchong industriels ne sont plus fumés artisanalement depuis longtemps. Les fabricants utilisent de l’essence de parfum « fumé » dont ils arrosent copieusement les feuilles. A mon avis cette galette atone a du être copieusement vaporisée de parfum « camphre »…
En bref ces deux galettes sont au mieux de médiocres copies, aux pires dangereuses pour la santé.
J’avais déjà marché dans ce genre de choses, mais je n’en avais jamais bu. Merci GrandTea !